"Quand létat t'enseigne a tuer, il se fait appeler patrie."
La réaction brutale des services de sécurité de l'Etat provoquée par ces manifestations et la rébellion armée qui a éclaté à travers la Syria ont fait que Jobar a été pris au dépourvu. La municipalité s'est retrouvée en première ligne entre le régime d'Assad et ceux qui tentaient de le renverser. .
Plus de cinq ans plus tard, Jobar est méconnaissable - une relique vide brisée par la bombe de ce qu'elle était autrefois. C'est un monument tragique pour les 250 000 personnes qui remplissaient les avenues de Jobar d'animation et de bruit mais qui ont été chassées par la mort et la destruction et la sauvagerie explosive qui évoque immédiatement Guernica ou Stalingrad ou l'un des autres abattoirs urbains tristement célèbres du siècle dernier.
A voir sur Télérama.fr, “Syrie : le cri étouffé”, un documentaire exceptionnel de Manon Loizeau Emmanuelle Skyvington
Face caméra, des Syriennes témoignent des viols et des déshonneurs subis dans les geôles de Bachar el-Assad. Un documentaire exceptionnel, que Télérama.fr vous propose de voir en avant-première, avant sa diffusion sur France 2 jeudi 7 décembre.
Exceptionnel par sa portée, ce film est le fruit d’un travail à six mains, avec Annick Cojean, grand reporter au Monde, et Souad Wheidi, chercheuse. Fragmentation des corps, effondrement des esprits : dès qu’il s’agit de traduire l’indicible, Manon Loizeau dissémine, entre les témoignages et les silences, des bribes de paysages, un mur en ruine, des oiseaux dans le ciel. Un portrait de femmes héroïques, plus encore que victimes.
Syrie : le cri étouffé, le 7 décembre à 23h sur France 2
Pour avoir pratiqué les Assad père et fils comme diplomate, j’ai toujours été frappé par la puissance qu’ils retirent de leur immobilisme. Bachar se plaît à égrener les noms des présidents français ou américains auxquels il a imperturbablement survécu, malgré les tentatives des uns ou des autres pour le déstabiliser. Tel est le privilège des despotes face aux dirigeants démocratiquement élus. Les despotes peuvent à loisir massacrer, charcuter, éventrer, piller, énucléer, torturer, martyriser, et bien sûr violer. Un Assad ne bouge pas, il campe sur des positions inébranlables et il attend que la donne internationale lui soit plus favorable, tout en serinant la même antienne.
Celle du tyran de Damas a été rabâchée ad nauseam: il n’y aurait jamais eu de protestation populaire en Syrie, mais un complot « terroriste », animé de l’étranger, contre un régime légitime. Macron a offert à Assad, sans contrepartie à son « aggiornamento », la validation du coeur de la propagande de la dictature. Selon le président français, il n’y aurait pas à ce stade de « successeur légitime » à Assad et « la démocratie ne se fait pas depuis l’extérieur à l’insu des peuples ». Oubliés, les millions de Syriens qui ont tant souffert pour enraciner sur leur terre des institutions alternatives à « l‘Etat de barbarie » des Assad. En outre, comme toujours face à un système dictatorial, obsédé par sa seule survie, c’est le premier reniement qui compte. Et le régime Assad l’a empoché, en attendant les inévitables renoncements qui allaient le suivre.
Les forces gouvernementales ont commis des crimes sexuels en Syrie, où la guerre est entrée dans sa huitième année, et certains actes relèvent du crime contre l'humanité ou du crime de guerre, selon un rapport des Nations unies rendu public aujourd'hui à Genève.
Les forces gouvernementales et leurs milices alliées ont commis de viols pour "punir" les populations rebelles et des insurgés ont également eu recours "dans une moindre mesure" à des violences sexuelles et à la torture, précise ce rapport de 29 pages, publié par une commission d'enquête de l'Onu qui se fonde sur 454 témoignages. Le groupe Etat islamique (EI) et d'autres mouvements extrémistes ont quant à eux exécuté des femmes, notamment pour adultère, des hommes et des enfants, forcé des jeunes filles au mariage et persécuté des homosexuels.
Au début du conflit, les forces gouvernementales ont violé des civils des deux sexes lors de perquisitions, puis à des barrages routiers et dans des centres de détention, affirme le document. La plus jeune des victimes connues était une petite fille de neuf ans. Les experts conduits par Paulo Pinheiro, qui dressent des listes de suspects depuis 2011, ne donnent aucun nom mais évoquent des viols commis par de nombreux officiers de haut rang.
Ces crimes auraient notamment été commis à Alep, Deraa, Homs, Hama et Damas, tout comme dans la prison militaire de Sednaya et à l'aéroport militaire de Mezzeh, près de la capitale. Les enquêteurs n'ont trouvé "aucune preuve d'usage systématique" de violences sexuelles de la part des groupes rebelles mais font état de "punitions moyenâgeuses", notamment dans la répression de l'homosexualité. Des femmes accusées d'adultère ont été lapidées par le groupe islamiste Jabhat Fateh al Cham, tandis que des homosexuels ont été jetés d'un immeuble dans le vide par les djihadistes du Jabhat al Nosra, ajoute le rapport.