Au deuxième jour de l'opération «Rameau d'olivier» lancée par Ankara à Afrine au nord de la Syrie, l'armée turque aurait franchi la frontière, s'opposant aux combattants kurdes qui contrôlent ce territoire montagneux. Paris exige une réunion d'urgence du conseil de sécurité de l'ONU.
Turkey says it has launched a much-awaited air and ground offensive against the Kurdish-controlled enclave of Afrin in northern Syria.After days of shelling, Turkish fighter jets on Saturday carried out air raids on the border district targeting positions held by the Syrian Kurdish PYD and YPG groups. The heavy bombardment began as units of pro-Ankara rebels known as the Free Syrian Army (FSA) started moving into Afrin, according to the state-run Anadolu news agency.Turkish President Recep Tayyip Erdogan said on Saturday that the operation in Afrin would be followed by a push in the northern town of Manbij, which the US-backed Kurdish forces captured from ISIL in 2016.Turkey considers Syria's Kurdish Democratic Union Party (PYD) and its armed wing, the YPG, "terrorist groups" with ties to the banned Kurdistan Workers' Party (PKK), which has waged a decades-long fight inside Turkey.The US has previously armed the YPG, viewing it as the most effective ground force in its fight against the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL, also known as ISIS) armed group.Erdogan said that all Kurdish armed groups "are all the same" and that changing their names "does not change the fact that they are terror organisations".According to estimates, there are between 8,000 to 10,000 Kurdish fighters in the Afrin area.
nclavé entre la Turquie, le régime de Bachar al-Assad et les rebelles syriens.
n« Corridor kurde »
Dans une note publiée sur son compte Twitter, le cabinet du premier ministre explique en douze points le pourquoi de l’opération. Il s’agit, entre autres, de faire en sorte d’éviter que la Turquie « ne perde son contact géographique avec le monde arabe ». Sur 911 kilomètres de frontière avec la Syrie, 600 sont tenus par les Kurdes syriens du PYD. La principale crainte des Turcs est de voir, à l’Est, la région d’Afrin et celle de Kobané former une continuité territoriale avec le Rojava, soit les terres conquises par les Kurdes au nord-est de la Syrie, et achever ainsi le « corridor kurde ». A l’Ouest, les Kurdes pourraient « gagner la Méditerranée », dit la note.
Selon des plans révélés l’avant-veille par le journal pro-gouvernemental Yeni Safak, l’état-major turc a opté pour une attaque « en tenaille » sur l’enclave, encerclée par l’armée turque au nord, par des éléments de l’Armée syrienne libre (ASL) formés par les Turcs à l’ouest et par l’armée turque implantée à Idlib, plus au sud. Par ailleurs, l’aviation turque basée à Incirlik, au sud du pays, et à Diyarbakir, au sud-est, mène des bombardements intensifs sur l’enclave.
Le président Recep Tayyip Erdogan a mis en garde, dimanche, ceux qui seraient tentés de manifester, leur assurant qu’ils « paieraient un prix très élevé »
«Dans ces villages, souvent peuplés de Yézidis, la situation change d'heure en heure», rapporte Eldar Khalil, confirmant les informations sur l'incapacité de la Turquie de conserver ses gains territoriaux.
Début de la phase terrestre de l'opération «Rameau d'olivier»
● Les Kurdes, fer de lance de la coalition antidjihadiste
Aucune offensive majeure de la Turquie sans l'aval de Moscou
● Paris demande une réunion d'urgence du conseil de sécurité de l'ONU
Dans le même temps, l'armée du gouvernement syrien de Damas, avec l'appui de l'aviation russe et de milices chiites parrainées par l'Iran, continue sa progression au sud d'Afrine dans le gouvernorat d'Idlib, dernière grande zone contrôlée par les rebelles, largement dominés par des groupes djihadistes. Damas a ainsi repris ce samedi le contrôle de la base aérienne Abu al-Duhur, qu'elle avait perdue en 2015.
Inside Story began this year asking whether 2018 would see the end of the near seven-year-long war in Syria. Latest events would suggest the conflict is instead changing course.
À Paris, mardi, le secrétaire d'État, Rex Tillerson, devrait présenter à ses partenaires un document de travail en vue de faciliter une transition du pouvoir à Damas.
Réveil américain
Ce plan, même s'il ne contient rien de vraiment nouveau sur le fond, marque la nouvelle volonté américaine de réinvestir le dossier syrien. «Les États-Unis se sont réveillés, décrypte le diplomate onusien. Ils indiquent à leurs partenaires: nous sommes présents, nous n'avons pas déserté la scène syrienne. Nous étions en train de préparer notre politique, maintenant nous l'avons définie et nous allons agir en conséquence, avec ou sans partenaire».
Syrie: un nouveau risque d'embrasement
- Après la lutte contre Daech, le conflit syrien est devenu le lieu d'un jeu d'influences où les vieux antagonismes ressortent avec davantage de vigueur.
À peine la guerre contre l'état islamique est-elle terminée en Irak et en Syrie qu'un nouveau front se rallume. Depuis le début du conflit au Levant, les puissances régionales se livrent une guerre d'influence sur le dos des populations syriennes, défendant avant tout leurs propres intérêts. L'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite luttent pour le leadership du Moyen-Orient. La Russie a utilisé le conflit pour redevenir une puissance qui compte sur la scène internationale. Et la Turquie n'est pas en reste...
L'offensive militaire turque contre Afrin ajoute un nouvel irritant entre Ankara et Moscou, les Kurdes syriens étant des alliés de Moscou. S'agit-il des prémices d'un nouveau deal turco-russe qui pousserait la Russie à céder Afrin aux Turcs en échange de quoi Ankara lâcherait la province d'Idleb, la dernière encore tenue par les rebelles anti-Assad? «Avec le nouvel engagement américain, ce ne sera pas aussi facile qu'à Alep en 2016», prévient l'expert onusien. Il fait allusion à l'accord tacite passé alors entre Russes et Turcs: les premiers avaient fermé les yeux sur une première offensive militaire turque contre des positions kurdes à Azaz et Djarablous dans le Nord syrien; en échange, Ankara avait retiré d'Alep les insurgés anti-Assad que la Turquie soutient, facilitant ainsi la reprise des quartiers d'Alep-Est par Damas et ses alliés russes et iraniens. En étant présents dans cette région, les Américains voudraient désormais avoir leur mot à dire sur ce type d'accords locaux.
'Complicated situation'
Al Jazeera's Stefanie Dekker, reporting from Antakya in Turkey, said the launch of the operation followed a week of "increasingly strong political rhetoric" coming from Turkish officials.
"The Turkish army says it is only targeting what it calls 'terrorists' ... and not civilians - but certainly it will be terrifying for civilians in that area because they are surrounded," she added."To highlight the complexity of this war, there is now a NATO ally, Turkey, bombing a group that the US calls its best ally when it was fighting ISIL on the ground and still continues to do so - so it's an incredibly complicated situation."
Les Kurdes de Syrie ont estimé lundi que l'offensive de la Turquie contre leur enclave d'Afrine était un «soutien clair» à l'État islamique (EI), alors que cette minorité est considérée comme un fer de lance de la lutte antidjihadistes.. «Malgré la perte de ses principaux bastions», le groupe jihadiste «conserve une force non négligeable», précisent-elles dans un communiqué.
L'incursion turque «pourrait détourner les forces combattantes kurdes, qui sont au côté et très engagées au sein de la coalition» combattant l'EI, a souligné pour sa part la ministre des Armées, Florence Parly, estimant qu'il fallait «revenir à l'essentiel, la lutte contre le terrorisme»
L'opération turque perturbe la guerre contre Daech que continuent de mener sur le front de Der Ezzor, plus à l'est, d'autres combattants kurdes qui doivent désormais se mobiliser contre l'«ennemi» turc à Afrine.
«Les Russes ont besoin de la Turquie, fait valoir Eldar Khalil. Poutine veut que Sotchi soit une réussite, et pour cela il a besoin de la présence à Sotchi des opposants proches de la Turquie». «Les Russes, poursuit-il, ne nous font pas la guerre directement, mais ils nous menacent via les Turcs». Le responsable kurde est convaincu que la Russie, principale alliée de Bachar el-Assad, «veut faire revenir le régime dans la région d'Afrine», que les troupes syriennes ont dû évacuer en 2012 au début de la révolte contre Damas.
«Ce que nous avons dit à tous nos interlocuteurs européens, c'est que nous sommes dans une alliance commune contre Daech. Nous espérons la poursuivre et sauvegarder les acquis obtenus grâce à cette coopération». Mais, souligne le dirigeant kurde, «toutes les puissances de la coalition (internationale contre Daech, conduite par les États-Unis) devraient renforcer leurs positions» contre la Turquie.
Interrogé sur l'éventualité que ses alliés américains négocient dans le dos des Kurdes la cession d'Afrin à la Turquie, en échange du déploiement autorisé par Ankara d'une force de 30.000 garde-frontières formée par les États-Unis, Eldar Khalil est resté vague, même s'il est convaincu que l'offensive turque ne s'arrêtera pas à Afrin, mais se poursuivra plus à l'ouest vers Manbij, où des troupes américaines sont déployées. «Manbij est menacé, prévient-il. Si le projet turc aboutit, le plan de la coalition anti-Daech s'effondrera».